Comment la numismatique est-elle représentée dans les médias quotidiens ?
Il est en fait assez facile pour une maison de vente aux enchères d’apparaître dans les médias quotidiens. Il suffit d’un résultat avec beaucoup de zéros et d’une excellente agence de presse. Si, en plus, une histoire passionnante est liée à la pièce, seuls le déclenchement d’une guerre en Europe ou un scandale dans la famille royale pourraient empêcher sa diffusion. En effet, le commerce des pièces de monnaie regorge d’histoires que les gens adorent : des histoires de trésors et de richesses fabuleuses que chaque lecteur aimerait posséder. Le fait que l’or brille toujours n’est pas non plus un inconvénient.
Est-ce là l’image de la numismatique que nous voulons véhiculer ?
Le problème que je vois ici est que nous prétendons dans les médias que la majorité des collectionneurs peuvent se permettre de rivaliser pour une pièce d’une valeur de 1,9 million de francs suisses. Nous savons que ce n’est pas le cas. Notre environnement voit les choses différemment.
L’exemple le plus récent de cette idée fausse m’a été fourni par un soi-disant « expert ». Un rédacteur de la chaîne suisse SRF, par ailleurs fiable, a demandé au marchand de pierres précieuses autrichien Thomas Schröck ce que les voleurs pourraient faire des objets précieux qu’ils ont dérobés au Louvre. La réponse a été immédiate : il s’agissait
probablement d’un vol sur commande. Seul un collectionneur fortuné pouvait être derrière tout cela. Le rédacteur a demandé quelle était la taille du marché pour de tels objets historiques. bijoux. L’« expert » a répondu : « Le marché n’est aussi grand que le nombre de personnes excentriques qui aiment garder ce genre d’objets dans leur table de chevet ou leur coffre-fort. » Bon, maintenant nous savons : les collectionneurs sont des personnes excentriques qui aiment embrasser leurs objets de collection avant de se coucher paisiblement. Et ensuite, ils rêvent des musées qu’ils pourraient cambrioler ensuite.
La réponse est venue tout de suite : il s’agissait probablement d’un vol commandité. Seul un collectionneur fortuné pouvait être derrière tout ça. Le rédacteur en chef demande quelle est la taille du marché pour ces bijoux historiques. L’« expert » répond : « Le marché n’est aussi grand que le nombre de personnes excentriques qui aiment garder ce genre d’objets dans leur table de chevet ou leur coffre-fort. »
Bon, maintenant nous savons : les collectionneurs sont des personnes excentriques qui aiment embrasser leurs objets de collection avant de se coucher paisiblement. Et ensuite, ils rêvent des musées qu’ils pourraient cambrioler ensuite.
Si un auteur renommé dans son domaine ose proférer de telles absurdités et qu’un média réputé accepte de les publier, c’est parce que Schröck reprend une image que le public connaît bien grâce à de nombreux films.
Les reportages médiatiques, comme ceux sur une pièce de monnaie d’une valeur de 1,9 million de francs suisses, renforcent cette perception. Les médias quotidiens ne parlent que des collectionneurs capables de dépenser des sommes absurdes. Et l’imaginaire collectif suppose qu’un homme qui dépense 1,9 million de francs suisses pour une pièce de monnaie aurait également recours à des moyens illégaux pour se la procurer.
Les biens culturels ont une valeur matérielle
Le fait que la réalité soit tout autre se perd dans le bruit médiatique. L’hypothèse selon laquelle c’est un collectionneur malveillant qui aurait incité quelques voleurs innocents à dérober des œuvres au Louvre a depuis longtemps été réfutée. Cela n’a rien de surprenant ! Quiconque suit les reportages sur les vols de biens culturels sait que le schéma est différent. Les objets ayant une grande valeur matérielle, facilement accessibles et pouvant être démontés sans risque sont volés. Une fois l’or fondu, il est impossible de savoir s’il s’agissait auparavant d’une couronne ou d’une partie de la dent d’une personne décédée. Il en va de même pour les bijoux. Cependant, les objets particulièrement volumineux doivent être légèrement démontés. C’est possible. Et cela se fait. Sinon, cela serait trop visible.
Les escrocs modernes suivent ce modèle. Certains s’introduisent dans le Louvre ou le musée Bode, d’autres dans la vitrine d’un musée régional à Langres ou Manching. D’autres encore se spécialisent dans les calices et les patènes des églises, qui sont tout aussi mal protégés que les pièces d’or dans de nombreux musées. Oh oui, les pièces de monnaie sont bien sûr particulièrement prisées par les voleurs. Rien n’est plus facile à fondre.
Les peines qui attendent ces délinquants sont telles – du moins en Allemagne – qu’un voleur préfère les accepter plutôt que de remettre son butin. Les escrocs de Manching ont été condamnés à des peines allant de quatre à sept ans. Leur avocat a demandé jusqu’au bout l’acquittement pour insuffisance de preuves. Et ce, malgré le fait qu’un membre du gang avait encore une pépite d’or dans la poche de son pantalon lorsqu’il a été arrêté.
100 ducats de 1629 : 40 000 € ou 1,9 million de francs suisses ?
Passons maintenant à la valeur de la pièce vendue aux enchères chez NAC. Hier, elle valait 1,9 million de francs suisses entre les mains d’un collectionneur. Si un voleur la dérobait aujourd’hui, il serait ravi d’en tirer près de 40 000 € à la fonte. Pour le commun des mortels, cela reste une somme rondelette.
Nous pouvons être sûrs que l’acheteur prendra les précautions nécessaires pour que sa pièce ne finisse pas dans le creuset. Je ne suis pas toujours aussi sûr des musées. Je ne parle pas de naïveté, de paresse ou d’habitude, mais d’un manque chronique d’argent. Le fait qu’un musée économise sur la sécurité n’est pas évident. Ou disons que cela ne devient évident que lorsqu’il est trop tard. De plus, les gangs criminels d’aujourd’hui utilisent une force si brutale qu’un conservateur de musée normal ne peut même pas l’imaginer.
Retirer tout l’or des vitrines ?
La solution la plus simple pour prévenir les vols serait bien sûr de retirer toutes les pièces d’or des vitrines. Elles seraient ainsi protégées des voleurs effrontés dans la salle de protection des biens culturels. Quelques photos pourraient être publiées sur Internet.
C’est d’ailleurs ce qui a été fait avec les cornes de rhinocéros. Comme elles étaient très prisées par les gangs de voleurs, les musées d’histoire naturelle ont remplacé les cornes véritables par des cornes en plastique. Aucun problème. Après tout, les visiteurs venaient voir le rhinocéros, pas sa corne.
C’est plus difficile avec les pièces d’or. Elles fascinent particulièrement le grand public. Probablement parce que la valeur de l’or est tout simplement plus facile à comprendre que le message historique d’une pièce de monnaie. Concrètement, cela signifie que nos expositions perdent de leur attrait si nous laissons de côté les pièces d’or.
Il s’agit donc d’un exercice d’équilibre pour les conservateurs que de décider combien et quelles pièces d’or placer dans des vitrines sécurisées. À mon avis, nous ne devrions pas renoncer complètement à l’or. Bien que la tendance soit aux musées sans objets, la fascination pour l’original reste intacte.
Une vie pleine de sens sans aucun risque n’est pas possible, même pour les musées. Il y a toujours eu des vols, souvent dans les salles de protection des biens culturels, d’ailleurs. Et les objets ne deviennent souvent vraiment connus qu’après avoir été volés. Ou aviez-vous déjà entendu parler du trésor celtique et de Manching auparavant ?
Texte et image : Ursula Kampmann
